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Institutions engagées dans le e-commerce : Manque de coordination

Dans un rapport sur le «E-Commerce and the Digital Economy in LDC : At Breaking Point in Covid-19 Times» publié en mars dernier, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) déplore la modeste performance mondiale de l’Afrique dans l’e-commerce à cause de divers facteurs négatifs. En Tunisie, la situation est loin d’être meilleure d’après un second rapport élaboré précédemment par la Cnuced sur «l’évaluation de l’état de préparation de la Tunisie au commerce électronique». Créateur de richesses et d’emplois, le commerce électronique est une mine d’opportunités au potentiel encore mal exploité sur le continent africain et aussi en Tunisie. La mise en œuvre d’une véritable stratégie de développement est nécessaire pour permettre aux économies africaines d’en tirer le maximum de profit.

Dans un rapport consacré à «l’évaluation de l’état de préparation au commerce électronique en Tunisie», la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) démontre comment l’évaluation de l’état de préparation de la Tunisie au commerce électronique a suscité beaucoup d’intérêt de la part des principaux acteurs publics et privés et de la société civile. Leurs contributions lors des consultations nationales et des réunions bilatérales ont permis d’enrichir les discussions sur l’état des lieux et les projets en cours dans le secteur du commerce électronique.

Savoir surmonter les obstacles

D’après ce document, et sur les bases de documents, d’analyse des données provenant de sources nationales et internationales et de celles issues des trois enquêtes réalisées dans le cadre de cette étude, l’évaluation a mis en évidence l’existence d’un certain nombre d’obstacles, mais aussi d’opportunités pour le développement du commerce électronique en Tunisie. Il convient désormais que le pays surmonte ces obstacles et saisisse les opportunités qui se présentent afin de libérer le fort potentiel de croissance du secteur qui reste à ce jour sous-exploité.

«Le premier obstacle majeur auquel se heurte le secteur du commerce électronique en Tunisie est l’absence d’un soutien politique de haut niveau et le manque d’une coordination efficace entre les différentes institutions engagées dans ce secteur. Les actions en cours pour stimuler le développement du commerce électronique ont une faible visibilité et sont disparates», précise le rapport sur «l’évaluation de l’état de préparation au commerce électronique en Tunisie». Ce même document suggère, donc, «une volonté politique forte, à travers l’élaboration d’un plan d’action opérationnel englobant les réformes et les actions prioritaires associées à des indicateurs de suivi mesurables, permettant au pays de capitaliser sur le potentiel qu’offre le commerce électronique. La Tunisie bénéficie, en effet, de conditions relativement satisfaisantes en ce qui concerne l’accessibilité et la fiabilité de l’accès à l’Internet ainsi que dans le domaine des formations liées aux TIC, à l’économie numérique et au commerce électronique». Autre obstacle mentionné dans ce rapport, «l’absence d’une autorité de régulation et de supervision du secteur de livraison express de colis». D’après les auteurs de ce rapport, cela a un impact négatif sur la qualité des services rendus aux consommateurs et décourage l’entrée sur le marché de nouveaux opérateurs. «L’élaboration d’un cahier des charges pour régulariser cette activité est nécessaire au développement de la dimension logistique du commerce électronique», propose le document.

La dématérialisation des paiements encore limitée

Il y a, également, les difficultés observées en ce qui concerne le régime spécial applicable aux produits exportés par voie électronique, qui constituent une entrave pour le développement du commerce électronique transfrontalier. L’évaluation a également montré que dans le cadre du commerce électronique, «les paiements se font en majorité en espèces à la livraison, la dématérialisation des paiements demeurant encore limitée en Tunisie. Le nouveau cadre réglementaire des établissements de paiement et de la monnaie mobile mis en place par la BCT devra permettre l’émergence d’un écosystème propice au développement des paiements à distance», lit-on dans ce document. De plus, le développement du commerce électronique pâtit d’un accès difficile des usagers et commerçants aux comptes en devises et aux cartes bancaires internationales. L’évaluation a aussi mis en évidence certaines «insuffisances au niveau du cadre juridique et réglementaire régissant le commerce électronique en Tunisie, qui tiennent notamment à son incomplétude, sa faible application et sa visibilité limitée auprès des consommateurs et des professionnels». L’élargissement du champ d’application du cadre juridique et réglementaire aux autres acteurs de la chaîne de valeur du secteur et aux opérateurs du commerce électronique transfrontalier est plus que nécessaire.

Toujours d’après le rapport sur «l’évaluation de l’état de préparation au commerce électronique en Tunisie», l’accès au financement constitue un «obstacle majeur pour la création et le développement de start-up technologiques en général et d’opérateurs du commerce électronique en particulier, en raison des conditions de financement contraignantes».

Un aperçu historique

Depuis 2000, la Tunisie a entamé des réformes afin de bénéficier du commerce électronique, notamment en adoptant un cadre juridique facilitant les échanges de commerce électronique. En 2007, le pays a créé le Conseil stratégique de l’économie numérique (CSEN) et promulgué la loi d’orientation relative à l’établissement de l’économie numérique. Ce cadre a été renforcé par le développement, en 2014, du Plan national stratégique «Tunisie Digitale 2020» ayant pour ambition de faire du secteur des TIC un levier important du développement socioéconomique. Le nouveau Plan national stratégique (PNS) «Tunisie Digitale 2025», lancé en 2021, a pour but de l’actualiser. Ces actions, visant la transformation numérique du pays et le développement du commerce électronique, ont permis à la Tunisie de se positionner à la première place en Afrique du Nord de l’indice 2020 de développement du commerce électronique B2C de la Cnuced (77e rang mondial). Cependant, la faible maturité de la coordination entre les institutions et du soutien politique de haut niveau ne favorise pas l’émergence d’un environnement propice au développement du commerce électronique.

Au niveau africain…

Dans un rapport sur le «E-Commerce and the Digital Economy in LDC : At Breaking Point in Covid-19 Times» publié en mars dernier, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) démontre que durant la crise de Covid-19 en 2020, l’e-commerce s’est révélé indispensable pour la poursuite des activités commerciales à travers un monde en proie à diverses restrictions sociales. Les revenus mondiaux de ce segment qui s’élevaient à 3,3 milliards de dollars en 2019 sont ainsi passés à 4,2 milliards de dollars en 2020 selon «Statista». Bien que l’Afrique ait vu ses revenus du commerce en ligne croître de près de 6 milliards de dollars pour se stabiliser autour de 27 milliards de dollars en 2020, ce chiffre, qui représente moins de 3 % de la valeur de l’e-commerce mondial, n’est que le reflet de la faible préparation du continent aux nouvelles opportunités du commerce. Plusieurs causes restent à l’origine de ce mal. Il s’agit notamment du manque d’intérêt politique, l’accès difficile à Internet, la fracture dans l’adoption des TIC et de la connectivité, la faible capacité d’investissement dans la croissance des activités du commerce électronique, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et de la logistique commerciales, le manque de protection des consommateurs et de concurrence loyale, la culture persistante du paiement à la livraison sont les principaux freins au développement du e-commerce sur le continent qui sont soulevés par la Cnuced.

En observant l’indice du commerce électronique Business to Consumer (B2C) de la Cnuced, l’Afrique occupe la dernière place depuis six ans. Cette position, la Cnuced incite les gouvernements du continent à la changer en adoptant des actions fortes qui leur garantiront des dividendes de l’économie numérique. Depuis 2017, la Cnuced aide les pays à améliorer leur niveau de préparation au commerce électronique. A travers le «eTrade Readiness Assessments» (eT Readies), elle les aide à évaluer et à corriger entre autres leur formulation de stratégies sur le commerce électronique, la qualité des infrastructures et services TIC, la logistique commerciale et la facilitation du commerce, les solutions de paiement, le cadre juridique et réglementaire, le développement des compétences et l’accès au financement. Et sur les 46 demandes d’accompagnement, reçues en décembre 2021 par la Cnuced, dont 26 africaines, elle indique avoir réalisé 29 eT Readies dont 15 africains. Trois sont encore en cours de réalisation dont 2 africains.

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